L’homme du commun face à la divergence des Savants
Publié le 18 Juillet 2009
L’homme du commun face à la
divergence des Savants
Imam Abu Hamid al-Ghazali,
al-mustasfa vol.2 p.204-205 article 164
Question: Comment doit agir l'homme du commun quand il se trouve face à des opinions divergentes de plusieurs savants?
S'il n'y a pas d'autre Mufti dans sa ville, il est obligatoire pour l'homme du commun (‘ammi) de se
tourner vers l'unique Mufti disponible. S'il y'en a plusieurs alors il peut s'adresser à celui qu'il veut, car il n'est pas nécessaire pour lui de chercher la science chez l'un d'entre eux en
particulier. Ceci était la pratique du temps des Sahaba, quand les gens du commun pouvaient interroger les compagnons de tout rang, et ne se restreignaient pas à seulement Abu Bakr, ‘Umar ou les
autres Califes.
Certains savants ont dit qu'il était obligatoire de s'adresser au plus savant d'entre eux ; et que
s'ils sont à égalité, alors ils peuvent choisir celui qu'ils souhaitent. Mais cet avis est en contradiction avec l'unanimité des Sahaba car à leur époque, l'émission de fatwa n'était pas
restreinte aux compagnons des rangs les plus élevés (fadil).
Plutôt, il est seulement obligatoire [pour l'homme du commun] de demander à celui qu'il sait être
savant, digne de confiance, et judicieux (‘ilm wal-‘adala).
Oui, si deux savants divergent sur un point précis, il doit retourner auprès d'eux une fois de plus et
leur dire : « vos jugements sont en contradictions, et les deux sont égaux à mes yeux ». Si les deux lui permettent de choisir l'avis qu'il préfère, qu'il en fasse ainsi. Si les
deux se mettent d'accord sur une réponse plus précautionneuse, ou sur ce qui est plus profitable, qu'il leur obéisse.
S'il [l'homme du commun] pense que l'un d'entre eux a plus de science et est d'une plus haute éminence
que l'autre, il doit demander au juge (qadi) de cette ville de choisir pour lui. Il est en effet possible que l'un des plus humbles (mafdul) d'entre eux soit parmi les gens de l'ijtihad, que son
opinion soit singulière ou suivie par d'autres. De même, le degré de supériorité [en science] entre eux n'est pas pertinent ici.
Selon moi, on doit suivre celui qui est le meilleur parmi eux. Si on pense que l'Imam Shafi'i (qu'Allah
lui fasse miséricorde) est le plus savant, et que son madhhab est le plus susceptible d'être le plus correct, alors on ne devra pas suivre un autre madhhab qui entre en contradiction avec lui par
simple désir.
Et les gens du commun ne doivent pas non plus se mettre à rechercher les meilleurs avis [selon eux
mêmes] des différents madhhabs et faire leur sélection parmi eux. S'il agit ainsi, ce genre de choix est comme celui du Mufti qui donnerait sa préférence à une preuve sur une autre (tajrih) alors
que les deux semblent contradictoires, et en suivrait une qui serait plus forte selon sa propre estimation (fi zannih).
C'est le même cas ici. Même si nous disons que tout mujtahid est dans le vrai, la possibilité qu'une
erreur subsiste à cause de la possibilité d'avoir manqué d'une certaine preuve (dalilun qati), ou d'avoir émit un jugement avant que le sujet n'ait été pleinement étudié, ou d'avoir donné sa
préférence à une preuve qui se révèle fausse.
Ceci est la réalité à ce sujet, et nous croyons qu'Allah a un secret dans le fait de tourner les gens
vers les opinions de leurs mujtahid. Ne reste alors que les opinions de ceux qui suivent leurs passions ; les libertins qui recherchent une liberté débridée comme celle des animaux, qui sont
sans foi ni loi et entrainent les gens à errer ça et là.
Il est donc meilleur de se limiter aux opinions et aux principes établis par les mujtahids plutôt que
de suivre ceux qui sont insouciants et sans remords à l'instar des jeunes enfants ou des animaux.
Toutefois, si nous sommes forcés de choisir entre les opinions de deux muftis qui sont égaux ou deux preuves qui sont aussi authentiques l'une
que l'autre, ce choix devient alors obligatoire.
http://oussoul.xooit.fr/t1141-L-homme-du-commun-face-a-la-divergence-des-Savants.htm#p1684